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mardi 4 novembre 2014

Les chants de révolte.





Ferrat, Greco, Montand, Ferré, Balavoine, Renaud et beaucoup d’autres, notamment dans le rap, sont des chanteurs engagés. Chacun réagit avec sa différence aux circonstances qu'il n'accepte pas de subir, chacun n’hésite pas à déranger, déconcerter, pour faire passer son message à l'auditeur et attirer son attention sur un problème de société, chacun teste les limites de la censure et symbolise la liberté d’expression.

Notre présent éclaire le ressenti des artistes du passé de lumières inconnues lors de leurs écritures.
Les exemples suivants remettent en mémoire leurs réponses en chansons aux violences du monde.



Depuis toujours, des combattants partent à l’assaut en entonnant des chants de guerre pour se donner du courage. 
La majorité des chants de la révolution sont restés vivants dans notre mémoire, tel l'hymne de ralliement des sans culottes.
Ah ça ira, les aristocrates on les pendra. Ladre Ça ira 1790.

Aux armes citoyens ! / Formez vos bataillons ! Rouget de Lisle La marseillaise 1792.
Ce Chant de guerre pour l’armée du Rhin écrit par le lieutenant Claude Rouget de Lisle, contient des paroles guerrières que beaucoup voudraient voir réécrites. Aux plumes, citoyens ?

La victoire en chantant nous ouvre la barrière / La liberté guide nos pas. Marie Joseph de Chénier Le chant du départ 1794

Debout les damnés de la terre, debout les forçats de la faim. Eugène Pottier L’internationale 1848.
Ecrite pendant la commune, L’internationale n'est mise en musique que 40 ans plus tard par Pierre Degeyter et devient l’hymne soviétique jusqu’en 1944. Eugène Pottier est mort dans la misère.

Quand nous chanterons le temps des cerises / Et gai rossignol et merle moqueur seront tous en fête. Jean-Baptiste Clément Le temps des cerises 1866.
Les droits du texte sont échangés  à Antoine Renard contre une pelisse. Ce dernier écrit la musique
et crée la chanson en 1868 à l’Eldorado. 19 ans plus tard, en 1885, la chanson est dédiée à la vaillante citoyenne Louise qui ravitailla les combattants de la rue de la Fontaine au Roi.  De par l’engagement de son auteur pendant ces événements, la chanson devient symbole du massacre des Communards. Elle a connu nombre de reprises, de Tino Rossi à Mouloudji ou Montand. Jean-Baptiste Clément a également écrit Dansons la capucine.

Je ne vends pas mon lait au fils d’un allemand. Villemer et de Lormel Le fils de l’allemand 1882. 
Ces mots qui se veulent « patriotes » n’ont pas de quoi rendre fier.

La Madelon vient nous servir à boire / Sous la tonnelle on frôle son jupon. Louis Bousquet La Madelon 1914.
Les poilus rêvaient de Madelon, symbole du repos du guerrier. La chanson est devenue hymne des tranchées.

Mais c’est fini, car les troufions vont tous se mettre en grève / Ce s’ ra votre tour, messieurs les gros, de monter sur l’ plateau / Car si vous voulez la guerre, payez-la de votre peau ! anonyme. La chanson de Craonne (ou de Lorette) 1917 (recueillie par Paul Vaillant Couturier).
Une bonne raison à cet anonymat : 1 million de récompense est offert a qui dénoncera l’auteur de ce texte écrit sur l’air de Bonsoir, mamour , et relatant la mutinerie de soldat épuisés et désespérés après le carnage du Chemin des dames. Lle fils de Bruand fait partie des morts. 49 mutins seront exécutés, le général Nivelle sera limogé. Pétain, alors héros, calme la situation avec un peu de rab de nourriture et de permissions.
Lui aussi aura sa chanson en 1941, Maréchal nous voilà , hymne quasi officiel à l’époque que la France essaie d’oublier, lui préférant une autre chanson pour cristalliser cette période:
Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?/ Ami, entends tu les cris sourds du pays qu’on enchaîne. Druon et Kessel Le chant des partisans (Breton/ Nouvelles Editions Méridian) 1944.

Douce France, doux pays de mon enfance. Charles Trenet Douce France (Salabert) 1943. Le texte de Trenet à l'innocente apparence est ressenti comme subversif et fait « tousser » plus d’un Allemand pendant la guerre. Dans une version orientale par le groupe Carte de séjour, il prend en 1987 une nouvelle dimension, celle de l’intégration des jeunes d’origine arabe.

Et je crierai aux gens refusez d’obéir / Refusez de la faire, n’allez pas à la guerre. Boris Vian Le déserteur (Djanik) 1954.
La chanson sort à la fin de la guerre d’Indochine et sera un symbole de la guerre d’Algérie qui va commencer. Elle est vite interdite d’antenne.

En temps de paix, les chants de guerre font place aux chants politiques. Les pamphlétaires existent sans doute depuis l’aube de l’humanité. 
Avant Louis XIV, les "mazarinades" , violentes satires, envahissent les rues et dénoncent et ridiculisent  Mazarin.

A la fin du 19eme siècle abondent des chansons sur les problèmes sociaux. Béranger, Aristide Bruant sont les géants
de cette tradition.
Aux bourreaux crie ta volonté / Défends ta chair, défends ton sang! / À bas la guerre et les tyrans ! Gaston Montehus La grève des mères 1905.
Anarchiste, pacifiste, ami de Lénine, Montehus fut condamné à cause de cette chanson pour incitation à l’avortement.


Y en a pas un sur cent et pourtant ils existent / La plupart fils de rien ou bien fils de si peu / Qu’on ne les voit jamais que lorsque l’on a peur d’eux. Léo Ferré Les anarchistes (Mathieu Ferré and Co) 1960.
Une chanson manifeste des anars, comme Ni dieu ni maître (1964).  Brassens, Lavilliers, Renaud, sont aussi sympathisants anarchistes. Ferré n'a pas froid aux yeux, question engagement. Il n'hésite pas a revetir ses pochettes de disque des mots vote connard ! 

Bien souvent, l’orientation politique ou la religion sont affaires d’origine. D’époque aussi, et le vécu de chacun à également sa part dans la construction des idées. Jean Ferrat est né le 26 décembre 1930 à Vaucresson et son père Mnacha Tenenbaum, juif d’origine russe, est mort en déportation pendant l’Occupation. Faut il voir la raison de son engagement communiste dans le fait qu’un militant du parti lui ait sauvé la vie à l’âge de 11 ans ?

Les bourgeois c’est comme les cochons / Plus ça devient vieux plus ça devient… J. Brel Les bourgeois (Bagatelle) 1962.
Brel est maître es caricature des petitesses de l’humanité. Il a souvent critiqué les bourgeois et a chanté Jaurès en 1977, mais peut on le qualifier d’engagé ? Il n’apprécie pas qu’on le fasse. Pour lui la chanson est une manière décente de raconter ses petites idées.

Si les Ricains n’étaient pas là, vous seriez tous en Germanie / A parler je ne sais quoi, à saluer je ne sais qui. Michel Sardou Les Ricains (Nouv. Barclay) 1966.
 L’engagement n’est pas toujours de gauche et Sardou n’a pas chanté que des thèmes légers, il crée souvent la polémique : J’habite en France, Le France, Le temps des colonies, J’accuse, Je suis pour, Cent mille universités, Vladimir Ilitch, Les Deux Ecoles.

Et comme toutes sont entre elles ressemblantes / Quand il les voit venir, avec leur gros drapeau / Le sage, en hésitant, tourne autour du tombeau. Georges Brassens. Mourir pour des idées (Editions 57) 1972.
Des idées, Brassens en a des pas très tendres pour les puissants, juges, gendarmes, militaires. Sur le même thème, une autre de ses chansons a fait scandale, qui met en scène un oncle anglais et un oncle allemand :
De vos épurations, vos collaborations / Vos abominations et vos désolations / De vos plats de choucroute et vos tasses de thé / Tout le monde s’en fiche à l’unanimité. Georges Brassens. Les deux oncles (Editions 57) 1965.

Tu bosses toute ta vie pour payer ta pierre tombale / Tu masques ton visage en lisant ton journal. Bonvoisin Antisocial (EMI) 1980 Trust.

Aujourd’hui on n’a plus le droit / Ni d’avoir faim ni d’avoir froid / Dépassé le chacun pour soi / Quand je pense à toi je pense à moi. J.J. Goldman Les restos du coeur (Goldman) 1986.
Les artistes français se retrouvent régulièrement pour encourager le public à faire des dons aux grandes causes humanitaires.

J’pense à ces cons qui s’ font chier dans l’ midi / Tous ces torche-culs qui vont cuire dans leurs jus / Tous ces noyés, la mer quelle saloperie. Mellino/Rota Voila l’été (EMI Delabel) Les négresses vertes 1989.
Helno (Noël Rota) le chanteur des Négresses Vertes, souffle le chaud et le froid dans des paroles dont on ne perçoit pas toujours la violence derrière la musique entraînante et métissée du groupe, qui ne s’est pas remis de sa mort d’une overdose en 1993.

Miss Maggie . Selon Renaud, le drame du stade du Heysel, provoqué par les hooligans anglais lors d’une finale de football, a été généré par la politique de Thatcher. Il crée le scandale en Angleterre.

Aïe, on nous fait croire / Que le bonheur c’est d’avoir / De l’avoir plein nos armoires / Dérisions de nous dérisoires. Alain Souchon. Foule sentimentale (BMG) 1993. La musique de cet hymne est aussi signée par le même Souchon, dont la « tendre » révolte est devenue une référence d’incitation à réfléchir exprimée avec légèreté.

Mais je suis sûr qu’on nous prend pour des cons / mais j’en suis certain / Quelque chose ne tourne pas rond. RDG, Yoyo M’ Boueke Sur et certain (EMI/ Del Abel) 1994 interprétée par Tonton David

On va rester motivés pour la lutte des classes / On va rester motivés contre les dégueulasses. Zebda Motivés 1997.
En 1997 trois membres du groupe Zebda montent l’assoTactikollectif qui soutient les sans papier et se trouvent à l’initiative du disque et du mouvement Motivé. En 1999, Zebda obtient une Victoire de la Musique pour Tomber la chemise.

J’attends 2007 / C’est mon seul espoir / De sortir du brouillard / Voir Chirac en prison. Didier Cappedelaine Chirac en prison (Atmosphériques) Les Wampas 2006

Allons à l’Elysée, brûler les vieux et les vieilles / Faut bien qu’un jour ils paient / Le psychopathe qui sommeille en moi se réveille. Lopes Morville Qu’est ce qu’on attend (EMI/Authentik/IV my people) 1995 NTM.
Le rap marque fin des années 80 une cassure avec la chanson traditionnelle. Blacks et Beurs chantent les leurs, coincés comme eux entre la culture française et celle des pays d’origine. Ils témoignent avec des accents d’exaspération et de désespoir de leur milieu défavorisé, des banlieues ouvrières, de l’immigration, de l’exclusion. La musique est d’inspiration américaine comme le rock pour la précédente génération, le vocabulaire est « branché », mots anglo-saxons, agression de mots pornographiques. Comme le rock encore, le rap choque pour attirer l’attention et son goût
pour la provocation et la rébellion dépasse le cadre d’un public adolescent.

Un artiste est-t-il vraiment un contre-pouvoir politique ?
Pour certains, il ne fait que tirer la langue. Ah bien sûr, si j’avais cette hargne mordante des artistes engagés qui osent critiquer Pinochet à moins de 10 000 Km de Santiago. mais je n’ai pas ce courage. Pierre Desproges.

La chanson engagée est une composante fondamentale, récurrente, de la chanson française. L'état de notre monde laisse présager que nombre de chants de révoltes verront encore le jour. 

lundi 6 octobre 2014

Les sujets de chanson : le sexe



Même les chansons pour enfant parlent de sexe, d'après la psychanalyse. 
La plupart des comptines comportent un double sens fripon, comme par exemple la symbolique érotique du rossignol qui chantait dans A la claire fontaine.
Mon ami Pierrot / Prête moi ta plume Anonyme (17ème) Au clair de la lune.
Ce flambeau de meléze / Brûlera devant toi / Goûte de ce laitage / Mais tu ne manges pas ? Philippe Fabre d’Eglantine (1780) Il pleut bergère.

La plupart des chansons sont faites pour séduire, et particulièrement la chanson sexy, douce, feutrée, susurrante, morceau de bravoure des crooners. Elle a un rôle sociétal, comme lors du rituel du "slow", qui longtemps dans les bals a aidé les couples à la séduction, où comme quand elle constitue le décor sonore des ébats amoureux.

Autre genre, à part entière, la chanson paillarde joue un rôle de défouloir collectif.
La digue du cul, je bande mon arbalète / Et j'lui fous droit dans le cul Anonyme La digue du cul Les paroles des chanson paillardes sont explicites, limpidement pornographiques. Enregistrées parfois par des interprètes « sérieux » tels que Colette Renard ou les Frères Jacques, elles sont connues de tous et se chantent en choeur, mais en de rares occasions, dans les cours de recréation, les casernes, les banquets de mariages.

Le contexte détermine ce qui est ressenti comme inconvenant. Le mot putain l’est-il ? De nos jours rares sont ceux qui trouvent obscène Putain de toi de Brassens, ou même son "Quand je pense à Fernande je bande" mais d’autres mots peuvent choquer : Mes couilles sont motivées, elles aimeraient bien pécho cette brune / mais y’en a une qui veut pas / putain ma tête me casse les burnes. Grand corps malade Ma tête, mon coeur (Djanik). 2006.
Le sexe est un terrain idéal pour la provocation, aux frontières de l’interdit, il procure une publicité très recherchée par les auteurs. Aussi ceux-ci testent-ils régulièrement les limites des convenances.

Les scandales d’antan peuvent faire sourire de nos jours, ils ont pourtant profondément marqué leur époque.
Frou frou frou frou / par son jupon la femme / frou frou frou frou / de l’homme trouble l’âme. Monreal et Blondeau Frou Frou (Semi) 1898. Tel est bien le passage alors jugé «  torride  » de la chanson, née sous le nom La fête du souffleur.

Elle avait de tout petits tétons / que je tâtais à tâtons / ton ton tontaine Albert Willemetz Valentine (Salabert) 1925 interprété par Maurice Chevalier.

J’aimerais simplement faire l’amour avec toi. Michel Polnareff L’amour avec toi (EMI) 1967. On a du mal à comprendre aujourd’hui le scandale que ces paroles ont provoqué. On s’étonne moins de celui qu’a suscité le placardage des affiches montrant le chanteur les fesses à l’air.

Déshabillez moi / oui mais pas tout de suite / pas trop vite. Robert Nyel. Déshabillez moi (Warner Chappell) 1967 interprétée par Juliette gréco. Robert Nyel a aussi écrit le superbe C’était bien (Le petit bal perdu). Les passages à la télévision de « la » Gréco sont à l’époque marqués d’un carré blanc. 1967 fut la vraie année érotique, notamment avec ce titre, sorti juste avant Je t’aime moi non plus, écrite en 1967 mais sortie en 1969.

Je vais et je viens / entre tes reins / et je me retiens. Serge Gainsbourg Je t’aime moi non plus (Melody Nelson publishing) 1969.
Écris moi la plus belle histoire d’amour que tu puisses imaginer. La demande vient de Brigitte Bardot, sex symbole mondial. Le Beau Serge a déjà la musique, un instrumental qu’il a écrit pour le film Les coeurs verts et c’est une phrase de Dali qui inspire le titre. L’enregistrement « audio vérité » avec Bardot a lieu un soir d’hiver 1967, mais cette version n’est pas du goût du mari de BB de l’époque, sa sortie n’aura lieu qu’en 1986. Entre temps, réenregistrée avec Jane Birkin, la chanson est un succès planétaire et, comble de publicité, se retrouve condamnée par le Vatican.
Gainsbourg a aussi signé entre autres Ouvre la bouche ferme les yeux pour Régine, et Les sucettes pour France Gall : Lorsque le sucre d'orge / Parfumé à l'anis / Coule dans la gorge d'Annie, / Elle est au paradis, dont le succès a sans doute encouragé à l’audace de Je t’aime moi non plus. En 1976 le film du même nom et du même auteur sera classé X.

Je suis un petit taureau / Mais moi, en plein soleil / J'entrerai dans la reine / Dans la reine des abeilles.Claude Nougaro. Petit taureau EMI 1967

Quand tes mains voudraient bien / quand tes doigts n’osent pas / quand ta pudeur dit non / d’une toute petite voix. Gilles Thibault Que je t’aime (Suzelle) 1969. Le texte le plus érotique de Johnny Hallyday est signé par l’auteur de Comme d’habitude.

Et sous le voile à peine clos / cette touffe de noir jésus / qui ruisselle dans son berceau / comme un nageur qu’on attend plus. Léo Ferré C’est extra (Semi) 1969, encore. 1969 fut donc bien une année érotique.

Et je précise que c’est bien la nature qui / est seule responsable si / je suis un homme oh! comme ils disent. Charles Aznavour Comme ils disent (Editions musicales Djanik) 1972. Les mots d’Aznavour pour dépeindre la solitude d’un travesti sonnent juste, ils émeuvent. Le public s’identifie, applaudit. Ici, pas d’allusion crue au sexe mais l'homosexualité était et reste un sujet rarement traité, qui n’est plus crime pénal depuis 1982 seulement. Le personnage est réaliste, sensible et celui de Coming out d’Alexis HK lui fait écho en 2005.

L’on a oublié de nos jours la réputation d’audacieux chantre de l’amour physique qui a accompagné les débuts d'Aznavour, qui avait déjà défrayé la chronique en 1965 avec Après l’amour, considérée comme une atteinte aux bonnes moeurs pour des lignes qui de nos jours semblent bien innocentes, telles que : Glisse tes doigts par ma chemise entrouverte / et pose sur ma peau / la paume de ta main. Charles aznavour Après l’amour (Raoul Breton) 1956.

Vous saurez tout sur le zizi / le vrai, le faux, le laid, le beau / le dur, le mou qui a un grand cou.Pierre Perret Le zizi (editions Adèle) 1974. Perret a eu la surprise de voir ce titre écrit pour s'amuser devenir un succès indémodé.

Madame rêve. / d’un amour qui la flingue / d’une fusée qui l’épingle / au ciel. Pierre Grillet Madame rêve 1982 interprétée par Alain Bashung. « La » chanson culte de bashung, aux riches métaphores, est représentative de sa démarche d’abandon de mélodie pour sonner plus « rock ».

Pas de limite au goût de l’after beat / reste allongé je vais te rallumer. Guesh patti » Etienne (EMI) 1987. Etienne, assistant du producteur de Guesh Patti, lui a inspiré un texte « chaud » écrit en 3 heures sur une mélodie de Vincent Bruley.

Muse ou égérie / mes petites fesses / ne cessent de t’inspirer / je fais des ah! Des oh! / jamais ne me lasse. Mylène Gautier Pourvu qu’elles soient douce (Universal/ Leput) 1988. Les textes de la "libertine" Mylène Gauthier alias Mylène Farmer, mêlant sado-masochisme, fétichisme, mort, un zeste de religion, sont à la base de la recette gagnante, généreusement épicée, de celle que l'on a appelé la Madonna française.

Régulièrement, un succès aux textes "explicites" déferle sur les ondes. La plupart du temps, la finesse n'est pas son point fort.
Moi ce que j'aime chez Daniela / c'est que l'on peux s'y mettre a trois / Elmer Food Beat.
Et c'est avec émotion / Que je touche au fruit de la passion / Francky Vincent Vas-y Francky c'est bon.
Angela, je vais te trouer le cul / Pendant que ton papa ne sera pas là, Saian Supa Crew Angela, (écrit en créole).
Nombre de chanteurs de rap multiplient les mots outranciers pour faire parler d'eux. Signe des temps, c'est aujourd'hui sur nos écrans que les hits sur le sexe, avec les images de jolies chanteuses, Rihanna, Beyonce, Jennifer Lopez, et consoeurs, s'affrontent pour la vidéo la plus "hot", celle qui générera le plus grand nombre de vues.

La grande chanson n'a pas dit son dernier mot sur le sujet, inépuisable. Avec poésie, aux frontières de l'interdit, les grands auteurs ont de beaux jours devant eux pour trouver  les nouvelles paroles de nos futures « érections intellectuelles ».

roe@roemusic.net

vendredi 29 août 2014

L'inspiration...


L’inspiration...


Quelle que soit la méthode utilisée pour l'écriture de chansons, une vie à percer des secrets, à maîtriser des techniques, ne rapproche pas de sauter sereinement dans le vide de la page blanche.
« L’étude du beau est un duel où l’artiste crie de frayeur avant d’être vaincu » a écrit Baudelaire...

Tout peut être l’étincelle de départ : un film, un personnage, un mot, une phrase, un fait divers, une personne, un objet, une idée, un morceau de vie, un sentiment... La source d’inspiration peut se trouver partout ici bas, il faut savoir la trouver.
En 1961, Gilbert Bécaud entend dans un avion l’actrice Elga Andersen répéter Et maintenant, qu’est-ce que je vais faire ? Il en parle à Pierre Delanoë. Résultat : Et maintenant, à laquelle Bécaud ne croit pourtant pas beaucoup en l’enregistrant en 1962. Enorme succès en France, puis outre atlantique, où la chanson devient What now my love, reprise entre autres par Franck Sinatra et Judy Garland.
Encore Bécaud, assis un jour face à Delanoë qui lui demande: « Dis-moi le premier mot qui te passe par la tête ». Réponse : Orange... Chacun connaît la suite : Tu as volé as volé as volé l’orange.
Marylou étant le prénom de la standardiste de l’hôtel de Michel Polnareff qui a inspiré son auteur Jean René Mariani pour Good bye Marylou. C’est quand le bonheur est une phrase entendue par Cali dans un mariage.

Vous écrivez d’abord la musique ou les paroles ?
« Le mot, là, ne serait pas le même s’il y avait une autre note dessous ! Un recueil de textes, c’est informatif mais incomplet, car il est impossible de juger les paroles des chansons sans leurs musiques ». J.J. Goldman. encore. Même chez les plus grands auteurs certaines paroles peuvent sembler banales si on ne fredonne pas en les lisant. « Les chansons ne sont pas faites pour être lues, mais écoutées. Distraitement. C’est la musique qui peut accrocher l’oreille et faire entendre les paroles. Les paroles sont derrière, en second plan ». Alain Souchon.
La mélodie serait plus forte que le texte ?
« En fait la musique est indispensable dans mes chansons… Il faut que le public qui m’écoute oublie la musique, il faut que la musique soit comme de la musique de film, qu’elle soit en dessous, il faut surtout jamais qu’elle ne prenne le pas sur les paroles ». Georges Brassens.
Un texte très fort peut se passer d’une grande mélodie... et vice versa.

Les compositeurs auteurs
Ecrire le texte après la musique est la méthode préférée des musiciens. Il n’est pas aisé de marier les temps forts de la musique et ceux des paroles. Les notes déterminent un certain nombre de syllabes par ligne, de lignes par strophe. La difficulté vient d'ensuite manipuler les mots pour qu’ils rentrent dans le carcan de la mélodie. Sanseverino dit mettre plus de trois mois à écrire un texte sur une musique terminée en un quart d’heure.
Par l’atmosphère qu’elle dégage la mélodie conditionne le choix des mots, elle implique un certain choix de sens, de sons et de rimes. « Je ne sais jamais en composant la musique, de quoi parlera la chanson ». J.J. Goldman.

La route de ceux qui écrivent d’après la musique passe fréquemment par le yaourt, terme du métier pour charabia. On chante n’importe quoi, souvent en pseudo anglais, avant d’écrire le texte définitif. « Je commençais par le franglais ou le yaourt. Les sons du yaourt étaient idéaux pour le placement de ma voix. Ensuite il fallait coller des mots qui sonnent et les coller à la place. C’était mon obsession ». Michel Polnareff.
« C’est dangereux. Je me suis rendue compte que j’en étais prisonnière, on s’habitue aux sonorités, au non-sens alors que c’est important de dire des vraies choses aux gens ». Zazie.

Les anglais aussi utilisent parfois une sorte de yaourt. Paul mac Cartney raconte que sur la chanson qui allait devenir «Yesterday» il chantait dans les premiers temps les paroles... scrambled eggs (œufs brouillés).

L’adaptation en français d’une chanson étrangère est un autre exercice d’écriture après la musique.De nombreux paroliers ont écrit des versions françaises des grands tubes américains, et ce massivement à l’époque yéyé.
Claude Nougaro est la référence en ce qui concerne l’écriture sur la musique, sur le jazz, sa patrie mentale. Il a fait mentir Gainsbourg qui disait le jazz intraduisible en français et pendant une quarantaine d’années le motsicien a fait swinguer les vers à la recherche de sens, de sensualité, de perfection.

On appelle monstre la première mouture du texte, premier jet construit avec les premiers mots qui passent par la tête pour marquer et sentir la mélodie.
En 1935, à Jean Nohain qui venait lui proposer le texte définitif d’une chanson appelée Couci couça, Maurice Chevalier avait préféré le monstre de départ suivant : Quand un vicomte / Rencontre un aut’ vicomte / Qu’estce
qu’ils s’ racontent ? / Des histoires de vicomtes... Jean Nohain Quand un vicomte (Raoul Breton) 1935. Le succès a donné raison au chanteur.

Les auteurs compositeurs
Au commencement était le verbe...La plupart des grands auteurs écrivent d’abord le texte. Une idée amène un texte qui inspire une musique puis un arrangement. Brassens commençait par les paroles, avec une ébauche de mélodie, cas de figure le plus fréquent pour les auteurs qui composent.
Brel disait écrire la musique et les paroles en même temps. Les mots représentent les lignes, et la musique la couleur.
Certains écrivent de telle heure à telle heure, souvent tôt le matin. La plupart suivent un rituel quasi maniaque, entourés d’objets gris-gris. D’aucuns calculent que réussir deux bons vers par journée de travail donnera par mois une cinquantaine de lignes soit à peu près deux chansons, donc une vingtaine de titres par an, assez pour choisir les douze meilleurs, dont peut être un succès...
Gainsbourg préférait à cette méthode celle d’écrire au dernier moment, dans l’urgence. Etienne Roda Gil était célèbre pour livrer ses textes en retard. « Les chansons c’est comme les enfants, il faut attendre neuf mois pour qu’ils soient bien formés, mais ensuite, sauf accident, ça ne prend pas longtemps à sortir ». Certains avancent sur plusieurs chansons simultanément, passant de l’une à l’autre comme on serre progressivement les boulons d’une roue de secours.
Le parolier travaille ses mots au quotidien pour « muscler » son inspiration, comme le musicien fait des gammes ou le sportif s’entraîne à courir des kilomètres.

L’état de grâce.
A chacun sa définition du moment magique de l’inspiration, ce moment que l’on dit si rare que le nombre de fois qu’il survient dans une vie se compte sur les doigts d’une main. Tout créateur rêve de vivre encore et encore cet état de grâce, parfois appelé « duende ».
Quand tu écris quelque chose d’exceptionnel, tu le sais immédiatement. La trouille survient, immense, « c’est bien de moi, ce truc ? » Tu as l’impression que tout ça a été dicté. Michel Polnareff.
Plusieurs de mes collègues m’ont confirmé cette sensation d’avoir écrit leur plus belle chanson sous la dictée d’on ne sait quel lutin souffleur ou quel Cyrano tapi de l’autre coté du miroir. Adamo (A ceux qui rêvent encore).

La panne.
Chacun des grands auteurs a connu un jour la cruauté du moment de non-inspiration, quand l’imagination tourne en rond. Ce manque d’inspiration, de quoi naît il ?
Le plus souvent, de la routine. L'art l'a en horreur, et encore plus l’auto imitation. Sans doute aussi de la perte de confiance dans ses mots. La panne peut provenir d'une crainte excessive, et ce même après un succès, quand celui-ci engendre une trop grande peur de décevoir.

Avant d'être «émetteur», l'auteur est «récepteur », mais il a du mal à accepter comme normaux ces moments où l'esprit se "recharge".

Vivre plus fort.
Par essence le créateur se doit de toujours offrir de nouvelles perceptions de la beauté. Arthur Rimbaud prônait « un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens ». Le mythe de l’artiste maudit qui brûle sa vie pour éclairer des zones inexplorées de l’être humain est en voie de disparition mais il a la vie dure et certains croient encore que certaines lucidités naissent de l’ivresse. La gloire et l’argent démultiplient les accessibilités aux excès qui peuvent mener à une solitude que de nombreux artiste, à l'instar de Nino Ferrer, un jour ne supportent plus de payer.

Du travail.
Une grande chanson peut être vite achevée, mais cela reste peu fréquent, L’inspiration ne se limite pas à une grande idée de départ. Elle est nécessaire tout au long du processus d’écriture.
« J’écris ce qui me passe par la tête et j’essaie de bien le faire.Une idée me vient je ressens une émotion, j’essaie de la traduire avec des mots, et puis je la rumine pendant quelques jours, quelques semaines. J’ajoute quelque chose, j’enlève. J’enlève plus que je n’ajoute d’ailleurs, et au bout de quelque temps je ne peux pas aller plus loin ». Brassens.
« L’inspiration pour moi, c’est une réflexion profonde qui dure deux à trois jours. Il arrive un moment où je n’en peux plus de ne pas l’avoir écrite ». Brel.
Tous les grands auteurs disent l'intensité du travail qu'ils ont du fournir pour que chaque vers soit de qualité.
Les dieux, gracieusement nous donnent pour rien tel premier vers ; c’est à nous de façonner le second, qui doit consonner avec l’autre, et ne pas être indigne de son aîné surnaturel. Paul Valéry.

mardi 15 avril 2014

A quoi reconnaît on une grande chanson ?

Ç

    

Succès intemporel

Avec le temps, La javanaise, La mer, Comme d’habitude, La bohème, La vie en rose, Les copains d’abord, Les feuilles mortes, Ne me quitte pasFierté du répertoire français et également fleuron d’un marché industriel coté en bourse, ces neuf chansons font partie chaque année des oeuvres les plus exportées. Elles sont des classiques, des « standards». Le public les connaît et connaît leur interprète principal, reprend leurs paroles en choeur. Elles ont traversé les années et sont présentes autour de nous, quelle que soit la mode.

Cette longévité même est une des raisons de notre identification. Un classique de la chanson est un miroir de notre vie, le décor d’une époque, d’une société, un commentaire permanent à l’existence (Boris Vian).
Miroir qui embellit, il fait partie de l’inconscient collectif et jalonne nos souvenirs. Son écoute répand un parfum mélancolique qui fait recouvrer la mémoire. L’espace d’un moment, parents, enfants, amours, bonheurs, malheurs sont là, dans un halo de nostalgie, et nous sommes reconnaissants de revivre un peu de notre passé. Une grande chanson est un graffiti sur le mur de l’oubli. Un peu d’intemporalité dans le quotidien qui s’enfuit déjà.

Et pourtant, presque toutes ces oeuvres ont failli être mort-nées. Il est surprenant de constater que la chance, qui opère entre les oeuvres une première sélection, impitoyable, leur a d'abord tourné le dos avant de finir par leur sourire. Depuis, année après année, l'obsolescence qui arbitre un tri décisif entre les milliers de candidates au titre de grand chanson les gracie. Ces neuf titres ont survécu à tout.

Plaisir du sens, histoire universelle

Pour écrire une grande chanson, le savoir faire ne suffit pas, ni même une habileté technique à étourdir les oreilles. Ces neuf titres ne sont pas qu’une répétition réussie de syllabes. Sens et forme s’éclairent l’un par l’autre, comme l’esprit et la matière. Bonheur de l’oreille, de l’esprit ou du coeur (et parfois des pieds), la grande chanson est une conversation, un tête-à-tête avec chacun. Elle est porteuse du plaisir du sens, sans nul besoin de s’interroger sur la compréhension du sujet ou des images employées. Elle ne requiert aucun mode d’emploi pour toucher au coeur.

Elle donne envie de s’approcher de son intimité, avec respect. Envie d’étudier son sens, ses procédures de représentation de l’homme et du monde, envie d’en savoir plus sur son auteur, sur son interprète. Oui leur passé, leur chair, leur mythologie personnelle, éclairent significativement les raisons de la tendresse que la chanson inspire. 
Chacun s'identifie. Son auteur a l'apparence sincère. Il s’expose à travers son texte, il semble écrire ce qui lui chante, comme il l’entend, honnête à l’impulsion créatrice qui le guide, commencée pour lui même. Orfèvre du son et de l’expression, il transmute ses émotions en sensations partagées par des détails au fort pouvoir de suggestion. C'est dans ces grands petits riens que l'on se reconnaît le plus. 

Chacune des neufs chanson est l témoignage d’un être mais aussi d'une civilisation, d’une époque.  
Par-delà l’intérêt des mises en perspective artistiques ou socio culturelles, avant tout, elle est objet de plaisir. Ou plutôt de plaisirs, distincts selon les moments du jour, de la saison, de la vie.

Une grande mélodie

Le texte n'est pas plus important que la mélodie. Si l'on trouve l'un sans l'autre, l'oeuvre n'est  "juste que" une bonne chanson.Les grandes chansons ont de grandes mélodies qui, même quand elles sont reprises en anglais ou toute autre langue, avec un texte et un sujet différents, séduisent un nouveau public et de nouveaux interprètes.

Une virtuosité littéraire  ?

Si chacune de ces neuf grandes chansons est une leçon d’écriture, le ton reste immuablement celui d'une conversation.
Dont on salue les qualités linguistiques, la créativité de sa langue, l’adéquation du sens et de la musicalité, le regard singulier porté sur le sujet. Echos, contrastes, jeux de symétries, chaque consonnes sonne, rien ne semble être là par hasard dans un ensemble de mots ordonnés qui allie à sa manière instinct et savoir, délire et rigueur.

Tous les témoignages des grands « hommes de paroles » concordent sur l’énorme somme de travail qu’ils ont fourni, au quotidien. D'abord le travail de se cultiver car la plupart d'entre eux n’ont pas été remarquables lors de leur scolarité, loin de là. Brillants autodidactes, ils n’ont jamais joué à l'artiste maudit qui "préfère ne rien savoir" au nom de la créativité, au contraire. Les grands auteurs connaissent parfaitement notre langue, sa grammaire. Au quotidien , ils retravaillent leurs textes. « Le talent c’est du travail qui ne se voit pas ». J. Brel. Le génie lui même ne sort pas l’art de sa manche à la demande.

Le grand auteur transgresse les règles là où les autres commettent une erreur. Une grande chanson détourne les règles du genre, celles qu’il faut connaître avant de pouvoir en dépasser les limites et les contourner, les règles qui font la différence fondamentale entre l'émouvante maladresse d'un dessin d’école maternelle et un Picasso.
Quelles règles ?

(A suivre)

jeudi 10 avril 2014

A la recherche des règles d'écriture de chansons




Enquête sur les grandes chansons

C’était il y a quelques années. Je ressentais le besoin d’écrire en français mon prochain album. 
J'avais  écrit plusieurs dizaines de chansons en espagnol, chanceux que le texte de l’une d'entre elles, Soledad, ait fait le tour du monde et soit enseigné dans les classes d'espagnol des lycées.
Sans doute étais je intimidé à l'idée que le public francophone puisse comparer directement mon verbe à celui, majeur, génial, des géants : Brassens, Brel, Gainsbourg, Nougaro, Ferré et autres monstres sacrés de l’écriture. Je m’inquiétais « d’écrire après » et souhaitais m’appuyer sur un guide pratique contenant les règles d’écriture de chansons françaises. Un tel ouvrage n’existait pas.

A la recherche des règles d'écriture de chansons

J'entrepris de choisir neuf grandes chansons, neuf références de notre patrimoine. Première difficulté.
Comment reconnaît on une grande chanson ?
Avec le temps, La javanaise, La mer, Comme d’habitude, La bohème, La vie en rose, Les copains d’abord, Les feuilles mortes, Ne me quitte pas… selon moi, des grandes chansons, pour différentes raisons. Entre autres parce que ces neuf "standards" ont eu des destins hors du commun et parce qu'ils transmettent des sentiments droit au coeur des hommes. Son, sens, sensation. Dans chacun, le son fait sens, et fait sensation. Qualité de la mélodie, qualité du texte, qualité de l’interprétation. Son, sens, sensation, la règle de trois pour postuler au titre de trésor du patrimoine culturel national.

J'étudiai leurs techniques d'écriture, leurs sujets, les comparai pour en dégager les points communs.
Dans un deuxième temps les résultats obtenus, les « preuves par neuf », furent confrontés à des centaines de succès d’hier et d’aujourd’hui, de Barbara à Grand Corps Malade, en passant par Camille ou Souchon.
Elargi le champ des analyses, disséquées les anatomies de succès, les re-comparaisons, débuta l’ajout de remarques, le recensement des principaux thèmes, puis les interrogations. Sur la création, sur le pourquoi on aime une oeuvre, sur l’état des lieux du métier d’auteur. Ce travail m'occupa des années, et il continue de m’occuper.

L’aventure de l’écriture d’un nouveau disque : Madame, était propice à vérifier le bien fondé de ces règles d’écriture ainsi qu'à prendre des notes lors des différentes phases de travail sur les nouveaux textes. Ce nouveau crible m'aida à débusquer des imperfections. Je ne les corrigeai pas toutes, mais j'éprouvais la satisfaction de mieux apprécier chaque risque pris, de mieux accepter la différence de ma propre expression.

Aujourd'hui je termine l'écriture d'un nouvel album. Mon soulagement est de courte durée. L’idée de ce blog s’impose à moi : partager le résultat de mes recherches passées, sous une forme facile à lire, des textes, des méthodes, des anecdotes sur la genèse des chefs d'oeuvres et sur la vie de leur auteur, des commentaires, des mises en perspective.
Dans l’avalanche d’informations hétéroclites de notre quotidien, je vous proposerai dans mes prochains posts mon tri de l'or de nos grands auteurs, des marque-pages dans le grand livre universel de la chanson.